Tablettes à écrire avec étui et stylet

Désignation du bien

Tablettes à écrire avec étui et stylet

Fonction / Rôle

Ivoirier

Epoque, datation

Vers 1350

Lieu

Paris

Type d'util. / dest.

Utilisation d'origine

Utilisation / destination

Support et outil d'écriture

Matière

Ivoire

; Cuir

; Argent

Mesures

Hauteur en cm : 8,4

; Largeur en cm : 4,7

; Profondeur en cm : 2

Description analytique

Les tablettes à écrire sont les seules à être encore accompagnées de leur stylet et étui d'origine.
Ce carnet se compose de deux tablettes de couverture sculptées encadrant six feuillets internes. Ceux-ci sont encore enduits de cire rouge sur laquelle des traces d'écriture sont encore visibles. Il est probable que les faces sculptées des tablettes externes aient été replacées de manière erronée vers l'intérieur, les décors des deux couvertures étant alors dissimulés une fois le carnet refermé. Les huit tablettes sont réunies par trois morceaux de parchemin placés transversalement et renforcés par une quatrième bande couvrant tout le dos du livret. Cette dernière parcelle, présentant des restes d'écriture, est un remploi qui laisse supposer que ce procédé d'assemblage, que l'on retrouve pourtant aussi au carnet de Londres, pourrait être un remaniement ultérieur.
L'étui à tablettes de Namur est le seul des trois connus à représenter des personnages : une face est ornée, au registre supérieur, d'un grylle et d'un lion couronné, et, au registre inférieur, de la scène du rendez-vous de Tristan et Iseult à la fontaine, dans l'eau de laquelle se reflète le visage du roi Marc, qui les épie, caché dans un arbre. L'autre face de la gaine montre, en faut, deux couples devisant, et, en bas, peut-être une femme agenouillée au pied d'un arbre, devant un moine nimbé, à côté duquel se tiennent deux oiseaux. Enfin, les petits côtés présentent chacun deux figures grotesques, qui forment les passants dans lesquels se glisse le stylet, la face supérieure, un grylle et le visage d'un personnage barbu et encapuchonné, le fond, un décor géométrique et végétal.
Les deux ouvertures d'ivoire sont sculptées de scènes d'inspiration courtoise, situées dans un jardin suggéré par deux ou trois arbres et placées sous une arcature trilobée, encadrée de deux demi-arcartures et surmontée de crochets feuillus ainsi que d'un tympan orné d'un motif tréflé. L'un des feuillets représente la Rencontre des amants, une scène assez répondue dans les ivoires gothiques profanes, où le jeune homme, faucon au poing, s'avance vers une jeune femme, portant un petit chien dans les bras, et lui caresse le menton. L'autre plaque montre un jeune homme agenouillé devant son amie pour lui présenter son coeur qu'elle transperce d'une flèche. Ces deux sujets héritent d'une longue tradition poétique courtoise qui a contribué à former un répertoire de symboles amoureux, comme l'offrande du coeur ou la caresse du menton, et érotiques, tels le faucon ou le chien.
Les costumes diffèrent d'une tablette à l'autre. L'évolution perceptible indique que les tablettes auraient été réalisées durant une période de transition, vers 1330-1340.

Sujet / thème

Grylle

; Lion

; Tristant et Iseult

; Amant

; Fontaine

; Roi Marc

; Couple

; Arbre

; Moine

; Oiseau

; Rencontre

; Faucon

; Chien

; Coeur

; Flèche

Domaine

Ivoire

; Tabletterie

; Médiéval

; Art courtois

Protection

Trésor classé de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Date de protection

22/12/2014

Propriétaire

Fondation Société archéologique de Namur

Gestionnaire

Société archéologique de Namur

Situation

Exposé, salle du Trésor, vitrine mosane

Notes

M. STUDER-KARLEN (ed.), Gothic Ivories between Luxury and Crisis, Basel, Schwabe Verlag, 2024, pp. 84, 85, 89, 152, 153.

L. LAM, Tablettes à écrire étui et stylet, dans J. TOUSSAINT (sous la dir.), Dialogue avec l'invisible. L'art aux sources de l'Europe. Œuvres d'exception issues de la communauté française de Belgique (VIIIe - XVIIe siècle), coll. Monographie du MAAN, 46, Namur, n° 42, pp. 316-321.

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C. REICHENBACH, Le trésor de Colmar [exposition au Musée d’Unterlinden Colmar, 29 mai au 26 septembre 1999], Colmar, Musée d’Unterlinden / Paris, Somogy, 1999, 146 p. (p. 54, cat. n° 33 [notice rédigée par Elisabeth Taburet-Delahaye, Musée national du Moyen Âge et des thermes de Cluny, Paris).

St. VANDENBERGHE, Ivory in Bruges. Treasures from museums, churches and monasteries, dans Museum Bulletin, 2, avril-juin 2010, p. 12.

Le roi Arthur. Une légende en devenir, exposition présentée aux Champs Libres de Rennes du 15 juillet 2008 au 4 janvier 2009, La Spezia, 2008, p. 91.

R. DIDIER et J. TOUSSAINT, Sculptures, coll. Guide du visiteur, n° 5, Namur, 2004, p. 21.

B. BOUSMANNE, A propos d'un carnet à écrire en ivoire du XIVe siècle conservé à la Bibliothèque royale de Belgique, dans Corpus van Verluchte Handschriften, vol. 11-12, Low Countries Series 8, KULeuven, 2002, pp. 165-202.

Namur, le site, les hommes. De l'époque romaine au XVIIIe siècle, coll. Crédit communal, série in-4°, n° 15, Bruxelles, 1988, p. 88.

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E.D.M., ASAN, t. 8, 1863-1864, pp. 221-225.

HOSPEL, dans Annales du Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique, 1938, p. 72.

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